Pour la première fois de sa carrière, la Néerlandaise Therese Klompenhouwer est devenue Championne du monde, Championne d’Europe et Championne des Pays-Bas sur une même saison. Le phénomène Féminine du 3 Bandes vient d’ajouter un nouvel exploit à son palmarès déjà éloquent : trois titres à la suite, on ne peut faire mieux. Elle a également atteint la phase finale de la World Cup de Guri en Corée du sud ce qu’aucune autre Féminine n’avait réussi à faire auparavant.
Therese analyse sa saison en déclarant : « Oui ce Coup du chapeau est unique ! »
Frits Bakker/Kozoom : Quelle belle saison, on dirait que c’est presque normal pour toi de gagner ces trois titres mais cet exploit n’avait jamais été fait avant, réalises-tu cela ?
Therese Klompenhouwer : Oui bien sûr mais je n’y avais pas accordé tant que ça d’importance avant que tu m’en fasses part. Ce n’est pas si facile effectivement. Le titre national, continental, mondial et la phase finale à Guri. C’est fantastique et j’en suis fière.
FB/Kozoom : Le titre mondial est celui que tu désirais le plus. Ca a dû t’enlever pas mal de pression pour les autres. Comment cela affecte-t-il ton championnat d’Europe ? Es-tu encore plus en confiance ?
TK : Dans les tournois Féminine, je me sens forte et en confiance. Ca fait longtemps que je n’ai pas été battue. Cette confiance se voit dans ma façon d’approcher la table. Ce qu’il faut éviter, c’est d’être trop détendue voire nonchalante car il y a des filles qui peuvent jouer à plus de 1,000 de moyenne et j’en suis consciente, je dois rester concentrée.
FB/Kozoom : Comment se sentais-tu à Brandenburg ? Pas totalement remise je crois, tu me disais que tu ressentais encore ta maladie contractée à Luxor ?
TK : Oui, j’ai été bien secouée à Luxor pendant plusieurs jours et je n’ai pas été à 100% depuis. Peut-être est-ce une coïncidence, peut-être l’après-coup. Quoi qu’il en soit, j’ai moins bien joué après, j’ai perdu quelques matchs en championnat alors que j’avais de bonnes statistiques jusque là. Je n’étais pas à 100% à Brandenburg et je me couchais plus tôt que d’habitude. Une toux persistante, le manque de sommeil, cela a affecté ma préparation. Pour être honnête, je ne me suis jamais sentie aussi vulnérable que durant Brandenburg. Mais je ne m’en suis pas plaint et j’ai juste pris les jours les uns après les autres. Rester positive et jouer au billard. Je n’ai pas le sentiment d’avoir bien joué mais la moyenne n’est pas si mal (1,060). Et je n’ai jamais vraiment été mise en danger.
FB/Kozoom : Quel regard portes-tu sur ta saison, ce que tu as accompli et ta nouvelle vie professionnellement plus remplie ?
TK : La saison était splendide. J’ai bien joué en individuel et par équipe. Il y a eu quelques bonnes victoires en championnat. Mon premier titre mondial était le point d’orgue de cette saison mais aussi ma performance à Guri. Je repense à tout ça avec joie. Beaucoup de choses ont changé dans ma vie personnelle. Je vais travailler encore plus certainement les mois où je ne pratiquerai pas trop de billard puisque je suis de nouveau célibataire et qu’il faut bien vivre. Je tâcherai de me focaliser plus encore sur le billard quand ce sera nécessaire.
FB/Kozoom : Y a-t-il plus d’attention portée sur toi par les médias depuis ton titre de Brandenburg ou alors rien n’a changé depuis ?
TK : Ca a fait les gros titres régionaux et nationaux mais voilà. C’est ok et je comprend mais un sixième titre européen ne fait pas autant parler qu’un premier titre mondial. Mais pour moi, chaque victoire est spéciale.
FB/Kozoom : Y a-t-il un revers à tout cela car les attentes sont toujours élevées et finalement, tu as tout à perdre dans ce statut de favori ?
TK : Je ne me laisse pas envahir par ce statut. C’est un défi continuel de rester invaincue aussi longtemps et je réalise que je perdrai aussi un jour. Je ferai en sorte que cela se produise le plus tard possible ;-)

FB/Kozoom : J’ai lu sur les réseaux sociaux que les joueuses de Carambole (3 Bandes) et les joueurs d’Artistique ne s’entrainaient pas autant que les autres et que les progrès n’étaient pas aussi significatifs que dans les autres modes de jeu comme le 3 Bandes Senior. Qu’en penses-tu ?
TK : Oui mais il faudrait alors pouvoir rendre cela possible. Si je pouvais gagner assez d’argent en jouant au billard toute l’année, je pourrai pratiquer beaucoup plus. Pour les filles, il y a d’autres raisons. Certaines ont des enfants dont elles ont besoin de prendre soin, ou un emploi précaire ou encore pas de billard à la maison. C’est facile de critiquer mais la plupart des gens n’ont pas assez de recul sur la situation et ne savent pas ce que cela implique financièrement de jouer et s’entrainer.
FB/Kozoom : Quelle est votre situation en terme de sponsoring, de soutien ? Les choses ont changé en mieux ou en pire ? Que pourrait-il t’arriver de bien ?
TK : J’ai quelques sponsors importants et j’en suis très heureuse. Ils me soutiennent à travers vents et marées et j’ai besoin de ça pour m’exprimer au plus haut niveau.
FB/Kozoom : D’où viendra l’adversité dans les prochaines années ? Karina Jetten, Danielle le Bruyn, Gülsen Degener, ce sont toutes des rivales qui n’atteindront probablement jamais votre niveau. Quelles sont celles qui pourraient menacer votre domination ?
TK : Je ne peux pas répondre à ces questions. Demandez-leur comment elles analysent cela et quels sont les moyens qu’elles se donnent pour progresser. Moi, je suis une fanatique de la pratique, disciplinée et je ne me contente jamais d’être à 99%. Je pense que c’est ce qui me rend forte et qui me donne un avantage sur la table.
FB/Kozoom : Comment avez-vous vécu Brandenburg ? Etait-ce agréable de rencontrer tous ces sportifs à la passion commune dans un tel événement ?
TK : Je préfère les tournois plus intimes. Seize joueurs ou joueuses dans un même hôtel pour créer des liens plus facilement. C’est sympa de voir d’autres disciplines mais ça ne profite pas forcément à l’atmosphère ou au plaisir. Au dernier championnat du monde, nous étions toutes rassemblées dans un même établissement, nous avons partagé les repas et fait la fête ensemble. C’était plus agréable et c’est de cette façon que ça se passe chez les Féminines en général.
FB/Kozoom : Avez-vous assisté à tous les événements, les Pays-Bas en finale par exemple ? Les Pays-Bas en tant que pays numéro 1, cela représente-t-il une vision juste du paysage européen au Carambole ?
TK : Eh bien, le nombre de médailles est là. Je pense que nous sommes une nation forte du billard avec des Champions dans tous les modes de jeu sans parler des prétendants qui y parviendront une prochaine fois.
