En l’espace de quelques jours, l’Espagnol d’origine colombienne Robinson Morales, 45 ans, vient de réaliser deux performances époustouflantes contre Dick Jaspers et Eddy Merckx juste avant son départ pour la World Cup de Sharm El Sheikh en Egypte.
Son excellente forme en compétition par équipe suscite forcément des attentes pour sa prochaine rencontre internationale avec les meilleurs joueurs du monde. Robinson Morales vit à Alicante et fait parfois des allers-retours dans sa Colombie natale en plus des trajets qui le mènent aux quatre coins du monde. La semaine dernière en France avec une victoire contre Dick Jaspers, le week-end dernier aux Pays-Bas avec une victoire contre Eddy Merckx.
Ce ne sont pas des exceptions, car Robinson Morales est souvent à son meilleur niveau contre les champions du monde. Pourtant, la star colombienne, qui a connu une aventure éphémère en ligue professionnelle coréenne (PBA), est encore dans l'ombre des joueurs qu'il a battus en compétition depuis son retour, il est actuellement 38ème mondial.
Marié et père d'une fille de 16 ans, il a connu ses plus grands succès en tant que joueur de billard en remportant un championnat par équipe en PBA (il a lui-même réalisé le carambolage gagnant). Il est devenu Champion de Colombie au 3 Bandes et au jeu de la 9, le seul joueur à avoir réussi cela. Avec ses équipes en Espagne et en France, il est devenu Champion dans ces pays ainsi que deux fois champion panaméricain par équipe.
Peu avant Sharm El Sheikh, Kozoom a interviewé le globe-trotter sur sa vie de joueur de billard, les nombreux voyages qu'il effectue et sur ses grandes ambitions : « Je suis très reconnaissant de pouvoir vivre une vie merveilleuse en tant que joueur de billard professionnel. » Robinson Morales, un professionnel du billard dans deux mondes.

Kozoom/Frits Bakker : Robinson Morales doit se sentir très bien lorsqu'il bat Dick Jaspers et Eddy Merckx, deux stars mondiales, en une semaine à la fin de l'année. Cela donne beaucoup de confiance ?
Robinson Morales : Je suis évidemment heureux d'avoir pu battre Dick Jaspers pour la cinquième fois de ma carrière et Eddy Merckx pour la deuxième fois. C'est très important pour moi parce qu'historiquement, ils font partie des meilleurs joueurs de billard au monde aux 3 Bandes.
Kozoom/FB : Quelle est la raison de vos bons matchs en cette fin d'année ? Vous êtes très en forme en ce moment, même si vous voyagez beaucoup pour assister à toutes les célébrations, tous les tournois et compétitions ?
Robinson : La raison principale, je pense, est que j'ai beaucoup changé sur le plan sportif. Je n'abandonne jamais, même si je suis en retard au tableau d'affichage. De plus, je m'occupe bien de moi en pratiquant du sport. Il n'est pas facile de voyager autant et d'obtenir de bons résultats. C'est une course de fond, je sais que j'ai les qualités pour progresser dans le classement mondial. C'est une question de patience et de constance et au niveau de s matchs par équipe, je peux dire que je suis très performant.

Kozoom/FB : C'est en championnat que vous donnez le meilleur de vous-même. Dans combien de championnats jouez-vous ? Pour quelles équipes ? Et quels sont les résultats de vos équipes ? Et bien sûr, vous brillez aussi de temps en temps en World Cup mais vous n'êtes toujours pas en tête du classement. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Robinson : Je joue en Espagne, en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. Les quatre équipes sont gérées par des gens incroyablement compétents et sont composées de joueurs très forts. Cette saison n'est pas terminée en ce qui concerne les autres tournois, comme les World Cups. La route est longue, il peut donc encore se passer beaucoup de choses en terme de succès.
Kozoom/FB : Comment voyez-vous votre vie de joueur de billard après la fin de l'aventure PBA ?
Robinson : Ma vie au billard s'est beaucoup améliorée. J'ai eu la chance de me mesurer aux meilleurs du monde. C'est un plus à tous points de vue.

Kozoom/FB : Avez-vous encore un mauvais souvenir de la PBA, ou tout s'est-il bien passé ?
Robinson : Je n'ai jamais eu de mauvais souvenir de la PBA. C'était une nouvelle expérience dans ma vie et il faut toujours tirer le positif de chaque chose.
Kozoom/FB : Comment voyez-vous la différence entre jouer pour l'UMB et jouer pour la PBA ? Pourquoi l'adaptation est-elle si difficile pour certaines stars mondiales qui partent pour la PBA ?
Robinson : Jouer à la PBA et à l'UMB est évidemment différent à tous points de vue. La plus grande différence, c'est qu’en PBA, on joue des sets de 15 et que les bandes-avants comptent double. À l'UMB, on joue sur des distances plus longues. J'ai pu jouer des deux côtés. Je préfère jouer sur de plus longues distances.

Kozoom/FB : Avez-vous une idée de la raison pour laquelle les jeunes Espagnols de la PBA réussissent si bien, avec Javier Palazón, Juan David Zapata et David Martinez comme représentants ?
Robinson : Les Espagnols ont une très bonne éducation et une très bonne école et c'est pourquoi les jeunes joueurs sont si bons. Ils peuvent rivaliser avec les meilleurs dès leur plus jeune âge. C'est l'une des raisons pour lesquelles ils se développent si rapidement et s'améliorent.
Kozoom/FB : Dani Sánchez, par exemple, a perdu contre Zapata en PBA cette semaine. Auparavant, en World Cup ou en championnat d'Espagne, le meilleur joueur de billard espagnol de tous les temps avait un ratio de victoires très important contre ces jeunes joueurs. Savez-vous pourquoi ?
Robinson : Je suis sûr que Dani ne gagnera pas un, mais plusieurs tournois là-bas. Il a perdu contre Zapata, Martínez, parce que la forme est imprévisible dans ce sport. Il gagnera certainement des tournois de la PBA, il faut lui laisser du temps. La Corée est un pays différent, le billard y est roi et les joueurs de l'UMB finiront par s'adapter. Nous parlons des meilleurs joueurs du monde !

Kozoom/FB : A quoi ressemble aujourd'hui votre vie de professionnel du billard, Robinson ? Vous vivez en Espagne, à quel endroit ? Vous vivez seul, dans un appartement ? Allez-vous souvent en Colombie chaque année ? Avez-vous beaucoup de famille qui vit là-bas, avez-vous beaucoup d'amis là-bas ? Par exemple, avez-vous un père, une mère, des frères et sœurs à qui vous rendez visite de temps en temps ?
Robinson : Ma vie actuelle est d'une grande qualité grâce au billard. Je dois beaucoup voyager, mais j'aime cela. Je vis à Alicante, en Espagne, avec ma femme et ma fille de 16 ans. J'ai une mère et trois frères aînés en Colombie. Mon père est décédé il y a de nombreuses années alors que je n'avais que 4 ans. Cela fait donc 41 ans. En Espagne comme en Colombie, j'ai beaucoup d'amis. J'aime vivre en Europe et plus particulièrement en Espagne. J'aime la nourriture et la paix que j’affectionne !
Kozoom/FB : Combien de matchs jouez-vous par mois ? Combien de vols prenez-vous par mois pour aller jouer partout ?
Robinson : Le calendrier est bien rempli. Parfois, les compétitions européennes coïncident et je dois jouer en France, en Espagne, aux Pays-Bas ou en Allemagne. Par conséquent, je fais beaucoup de vols et beaucoup d'heures de voiture ou de train.
Kozoom/FB : La vie de globe-trotter vous plaît-elle ? Et vous sentez-vous plus espagnol que colombien maintenant que vous vous êtes installé en Espagne avec votre famille ?
Robinson : La vie de globe-trotter, comme vous le dites, me fascine. Je suis également privilégié. Je fais ce que j'aime, je joue au billard comme un joueur professionnel. Et les sentiments colombiens ou espagnols ? La réponse est très simple. Je suis né en Colombie. J'aime mon pays et, bien sûr, j'aime aussi l'Espagne. C'est mon pays d'adoption, ma fille y est née et ma femme, qui est colombienne, et moi-même avons des passeports espagnols. Je suis donc né dans un pays et j'aimerais mourir dans un autre, c'est aussi simple que cela.

Kozoom/FB : Vous avez pu vous rendre compte de la situation là-bas. Y a-t-il une chance que vous reveniez un jour à la PBA ?
Robinson : S'il y a une possibilité de revenir à la PBA, pourquoi pas. Cela ne dépend pas de moi mais d'une bonne offre et, bien sûr, de la volonté de jouer à nouveau en Corée. Je suis également très honnête. J'y réfléchirais très attentivement car il n'est pas facile de vivre en Corée.
Kozoom/FB : Le prochain tournoi est la World Cup de Sharm El Sheikh. Vous êtes 38ème au classement mondial, loin derrière les joueurs que vous avez battus ces dernières semaines. Dans cette forme, Robinson Morales est-il proche d'une véritable percée sur la scène mondiale ?
Robinson : Je vais faire beaucoup d'efforts là-bas pour améliorer ma position. Et bien sûr, je veux continuer à le faire sur ce même circuit l’an prochain. Je sais très bien que je dois continuer à me battre et rester discipliné dans tous les domaines ! C'est ainsi que je veux progresser au classement.
Merci, Robinson, et bonne chance pour la semaine à venir à Sharm El Sheikh.
Robinson : Merci beaucoup pour cette interview, à vous et à Kozoom.
(Traduction de l'article en langue néerlandaise de Frits Bakker)
